Rob Simpson, Directeur Principal, Gestion Durable
Publié début avril, le dernier rapport du GIEC appelle tous les acteurs économiques à redoubler d’efforts pour limiter le réchauffement climatique. La responsabilité du secteur immobilier, tant dans sa manière de concevoir les villes que de construire des bâtiments, lui confère un rôle majeur pour relever ce défi.
Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est de nouveau sans appel pour l’avenir de notre planète. Si nous voulons collectivement limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, il est plus que jamais nécessaire de réduire rapidement et durablement les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans tous les secteurs de l’économie mondiale, nous rappellent les experts. De fait, au cours des dernières années, les émissions de GES ont continué à augmenter – bien qu’à un rythme plus lent – au point qu’il sera impossible de rester sous la barre des 1,5°C sans une action climatique plus forte au cours de cette décennie. Une décarbonation rapide de notre économie exige à la fois des réductions substantielles de l’utilisation des énergies fossiles et une meilleure efficacité énergétique, grâce notamment à l’électrification et l’adoption rapide de sources d’énergie à faibles émissions de GES, comme les énergies renouvelables.
A cet égard, les acteurs de l’immobilier ont un rôle majeur à jouer tant les implications sont nombreuses à l’échelle des villes comme des immeubles eux-mêmes.
Repenser les villes
Le GIEC s’attend ainsi à ce que les surfaces urbanisées triplent entre 2015 et 2050, engendrant d’importantes répercussions négatives en matière d’émission de GES. Pour autant, modéliser l’évolution des émissions de GES dans les villes reste un enjeu complexe : cela requiert une compréhension fine des liens entre la taille de la population, les revenus des habitants, les aménagements ou commodités, les infrastructures, les sources d’énergie ou encore la disponibilité des terres. La façon même dont les villes sont conçues, construites, gérées et alimentées en énergie va donc avoir une incidence sur les comportements et les modes de vie et, in fine, sur les futures émissions urbaines de GES.
Derrière ce constat inquiétant, des solutions existent. Comme nous le rappelle le GIEC, les stratégies d’atténuation comprennent une meilleure utilisation de l’énergie et des matériaux urbains vers une production et une consommation plus durable dans tous les secteurs, l’électrification ou encore le recours à des sources d’énergie sobres en carbone. Par ailleurs, il existe un consensus scientifique sur le fait que les infrastructures vertes et bleues – telles que les forêts urbaines ou les toits verts – peuvent atténuer les changements climatiques grâce à la séquestration du carbone, aux émissions évitées et à la réduction de la consommation d’énergie, avec des avantages connexes non négligeables sur la santé physique et mentale des habitants et une meilleure qualité de l’air.
« Jusqu’à 61% des émissions mondiales des bâtiments pourraient être réduites d’ici 2050. »
Décarboner les bâtiments
Ce défi important auquel les villes font face ne peut être relevé sans déployer, en parallèle, des efforts significatifs à l’échelle des bâtiments. Et pour cause : en 2019, les immeubles représentaient 31% de la demande énergétique mondiale, 18% de la demande d’électricité et entre 30% et 40% des émissions de CO2 à l’échelle mondiale.
Dans un tel contexte, si des mesures d’atténuation étaient mises en œuvre dès les phases de conception, par exemple en limitant la demande de matériaux à forte intensité de carbone et d’énergie, les experts du GIEC sont convaincus que les immeubles du monde entier pourraient atteindre la carboneutralité « tout en assurant des niveaux de vie décents ». De fait, des solutions d’atténuation existent d’ores et déjà. Les émissions peuvent en effet être réduites en limitant la quantité de nouvelle surface de plancher requise, en mettant en œuvre des mesures d’efficacité des matériaux qui améliorent la conception des immeubles ou, enfin, en utilisant des matériaux plus sobres en carbone et en procédant à la récupération et à la réutilisation des rebuts.
Selon le GIEC, jusqu’à 61% des émissions mondiales des bâtiments pourraient être réduites d’ici 2050 grâce à des politiques d’efficacité énergétique ou en matière d’énergie renouvelables ou encore grâce à des mesures qui touchent directement aux comportements des consommateurs et permettent de limiter l’utilisation de l’énergie, de l’eau, des matériaux et des terres.
En tant qu’investisseur de long terme, nous sommes d’ores et déjà engagés pleinement vers la carboneutralité. Dès 2017, nous avons ainsi mise en œuvre une politique volontariste de réduction de notre intensité carbone que nous avons formalisée en 2021 avec l’ambition d’atteindre la neutralité carbone opérationnelle pour l’ensemble de notre portefeuille mondial d’ici 2040.
Pour réussir une telle transition vers une économie bas carbone, il est cependant impératif d’aligner les intérêts économiques de l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur de l’immobilier. Encourager notre écosystème de partenaires est un élément clé pour la création d’un large mouvement de transformation dans notre industrie immobilière. Aujourd’hui plus que jamais, agissons collectivement pour faire les bons choix pour notre planète.